Le cyberviol est un délit qui consiste à utiliser des images qui révèlent l’intimité d’une personne, la plupart du temps une femme, et à les diffuser publiquement sur Internet, notamment sur les réseaux sociaux très populaires, notamment chez les adolescent-e-s.
Cette forme de violence contre les femmes est peu et mal connue mais elle n’est pas pour autant anecdotique. Elle a été nommée de manière euphémisée par le terme anglais « revenge porn » qui nie sa gravité. Il est plus adapté de désigner cette violence par cyberviol, délit d’agression sexuelle par diffusion d’images sexuelles personnelles, ou encore prédation pornographique.
Les contenus diffusés sont des photos ou vidéos à caractère intime ou sexuel. La nudité n’est pas un critère indispensable pour qualifier cet acte de délit. Bien que parfois, la captation des images ou vidéos était acceptée par la personne derrière l’objectif, sa diffusion ne l’était pas pour autant. Autrement dit, une femme peut avoir, envoyé un selfie dénudé mais ne pas avoir donné son accord pour que cette image soit réutilisée dans un autre cadre, et encore moins diffusée largement en ligne. Aussi, les photos/vidéos peuvent avoir été obtenues sous la contrainte ou encore par (la) surprise.
Les agresseurs évoquent différents motifs, différentes motivations lors qu’ils emploient cette stratégie, alors que rien ne justifie un tel geste. Des conjoints ou pères de familles décident de publier ces images suite à une rupture ; des pères, frères ou voisins alimentent l’industrie du sexe qui pollue notre toile. Humilier, salir, nuire à l’image ou à la crédibilité professionnelle, se venger, faire chanter ou encore s’enrichir sont autant de marqueurs de l’oppression patriarcale dont sont victimes les femmes. Ces cyberviols sont l’illustration de la possession que pensent avoir les hommes sur les femmes, femmes qu’ils punissent parce qu’elles leur échappent.
La stratégie des agresseurs est encore ici à l’œuvre, l’inversement de la culpabilité dédouane l’agresseur : la victime est souvent considérée comme coupable et ressent un sentiment de honte, alimenté par ce refrain destructeur : « elle n’avait qu’à pas faire ces photos ». Le cyberviol est une véritable violence psychologique ayant des conséquences traumatiques graves et durables. Suite à ces agressions les femmes ressentent de la peur, présentent une perte de confiance en elles et en leurs futures relations et leur détresse peut les mener jusqu’au suicide.
Les cyberviols sont également une mise en danger sociale des victimes : en les exposant l’agresseur peut également nuire à leur réputation, leur carrière. C’est un mécanisme de précarisation des femmes qui participe à l’installation durable de l’emprise de ces hommes.
L’ère du numérique propose de belles opportunités d’innovation, pourtant les « éternelles » violences que les hommes commettent contre les femmes s’y retrouvent. Il est indispensable de rappeler qui sont les agresseurs, qui sont les victimes et sur qui repose la véritable responsabilité. Cessons l’impunité autant virtuelle soit-elle, #StopAgresseurs.